Pas d’industrie forte sans femmes dirigeantes !
Philippe Darmayan, Président de l'UIMM
Dans la conquête vers la parité et la féminisation des instances dirigeantes, l’industrie, et qui plus est la métallurgie, font souvent figure de retardataires. Les 10 ans de la loi Copé-Zimmermann nous place une fois de plus face à cette réalité.
La situation a trop peu progressé sur la dernière décennie. Aujourd’hui encore, l’industrie ne compte que 15% de femmes dans les comités exécutifs, un chiffre bien en deçà du score de 22% du CAC40 et du SBF120.
Pas question pour autant de céder à la fatalité et de donner raison aux esprits défaitistes qui invoquent des stéréotypes d’un autre temps. Nous nous y sommes toujours refusés. A la pointe de l’innovation, l’industrie française doit continuer à l’incarner, autant dans ce qu’elle produit que par les valeurs qu’elle véhicule. Depuis plusieurs années, l’industrie se mobilise, aux côtés de l’État, des collectivités, des entreprises, pour que les femmes soient de plus en plus nombreuses dans nos métiers, et qu’elles puissent pulvériser ce plafond de verre souvent trop solide qui freine leur progression.
Car au-delà d’une priorité de société, la place des femmes dans l’industrie est aussi un gage de performance économique. Attractivité, compétitivité : les avantages de la mixité dans les instances dirigeantes ne sont plus à prouver.
La création, en 2019, du Conseil de la Mixité et de l’Égalité Professionnelle dans l’Industrie, la diffusion d’un guide des bonnes pratiques innovantes, le lancement d’IndustriElles participent de notre volonté d’agir concrètement.
Il nous faut maintenant aller au-delà. Face à une crise historique qui exacerbe les inégalités, il y a urgence à accélérer et à renforcer notre action. Car nous avons plus que jamais besoin de toutes les compétences, de tous les talents pour sauver l’industrie d’aujourd’hui et construire celle de demain. Les prochains mois, les prochaines années seront cruciales. Et la reconquête industrielle, vecteur essentiel d’une cohésion sociale retrouvée, ne peut être atteinte sans les femmes.
Cette volonté est pour nous un combat de chaque instant, à tous les niveaux : dès l’école et dans le cadre de l’orientation scolaire, dans les niveaux supérieurs et au moment de l’orientation professionnelle, dans la gestion des talents et de l’évolution des carrières, dans la lutte contre les stéréotypes au sein de l’entreprise…
A l’UIMM, nous nous engageons solennellement à en faire un axe plus structurant encore de toutes nos actions de formation et de promotion des métiers industriels. Nous nous engageons également à aller vers la parité dans l’ensemble de nos instances dirigeantes, au niveau national, comme sur l’ensemble du territoire.
Cette étape devra en appeler d’autres. Ensemble, accélérons nos efforts. Détectons, formons, accompagnons, nommons les futures capitainEs d’industrie. Industrialisons la féminisation de nos instances dirigeantes, car il n’y aura pas d’industrie forte sans femmes dirigeantes !